Touriste ou voyageur ? Ils arpentent les mêmes routes, empruntent les mêmes avions. Ils traversent les mêmes frontières, dorment dans des rues voisines et regardent souvent dans la même direction… Pourtant, touristes ou voyageurs, ils ne partagent pas les mêmes valeurs.
En un coup d’œil |
Touristes ou voyageurs ? le débat anime la grande fraternité des bourlingueurs, globe-trotteurs et routards depuis des lustres. Selon les puristes, la différence tient moins au fait de se déplacer que dans la manière de voyager. Ce qui m’amène à me poser cette question difficile : « Et moi ? Au fond, que suis-je ? » J’aime voyager, rencontrer les habitants d’un lieu et écouter leurs histoires, goûter à toutes les cuisines du monde, voir des paysages époustouflants et comprendre la culture des hommes et des femmes que je côtoie.
Touriste…
Bizarrement, le touriste cherche ce qu’il connaît déjà. Il s’est renseigné et a lu tous les guides de voyage possibles avant même de partir. Il se réfère aux avis des autres, il survole les classements. Le touriste établit un itinéraire sécurisé avec un planning, des horaires et des réservations. Il ne veut rien rater. Ce qui lui importe, c’est d’avoir vu les choses, pas de les avoir comprises.
Il photographie les lieux emblématiques comme des trophées à montrer. Il parcourt une ville à la manière d’un catalogue : cela doit aller vite, être efficace et ne révéler que l’essentiel. Une approche honnête, pragmatique et rassurante en fait. Mais ses excursions n’accordent que peu de place à l’imprévu. Le touriste n’accepte pas de se laisser surprendre, il a déjà tout organisé. Pas de conversation avec l’habitant, mais, de temps à autre, du mépris pour les locaux. Que de fois n’ai-je pas entendu cette phrase qui résume tout : « c’était beau, mais là-bas, les gens sont pauvres et sales« … Et tant pis si son déplacement manque totalement d’âme.
Le voyageur voit ce qu’il voit, les touristes voient ce qu’ils sont venus voir – Gilbert Keith Chesterton auteur britannique
… ou voyageur
Le voyageur, lui, avance autrement. Il part sans certitudes, mais avec beaucoup de curiosité. Il ne cherche pas ce qu’il a lu dans un livre : il veut ce que les guides ne disent pas. Le bourlingueur ose se perdre dans les ruelles sans nom, il s’attarde dans les quartiers apparemment sans attrait et y découvre des lieux incroyables. Il s’entretient avec un inconnu assis sur le seuil d’une porte même s’ils doivent se parler avec les mains. Il goûte des plats qu’il n’a jamais expérimentés, entre dans des endroits qui ne sont pas « recommandés ». Le voyageur accepte de ne pas tout maîtriser. Et c’est là, dans cette ouverture d’esprit, que naissent les vraies anecdotes.

Cependant, un voyageur ne dit pas : « J’ai pris le Taj Mahal en photo« . Lui, il raconte plutôt sa rencontre avec une grand-mère indienne assise sur un banc et qui lui a raconté la magnifique histoire d’amour qui se cache derrière ce mausolée. Elle lui aura aussi confié, sous le sceau de la confidence, les coins qu’elle aime fréquenter et une ou deux bonnes adresses pour dormir dans une autre ville à un prix abordable, dans sa famille ou chez des amis.
Les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent pour partir – Charles Baudelaire, poète français
Pas d’images, des expériences
Bien entendu, c’est sans doute la plus grande différence entre ces deux personnages qui se déplacent sur la grande carte du monde. Le touriste revient avec ses photos-trophées alors que le voyageur est de retour avec des histoires de rencontres. Il ne rapporte pas une photo vue des centaines de fois. Il rapporte une anecdote que seule la connivence avec les gens du cru a rendue possible. Et parfois, cette anecdote vaut tous les panoramas du monde.
Et moi, touriste ou voyageur ?
Toutefois, moi, ce que j’aime dans le voyage, c’est la découverte d’autres cultures, d’autres façons de faire, la possibilité d’ouvrir son esprit en écoutant les histoires d’autres peuples dans le respect et la convivialité. Qu’en ai-je à faire des étiquettes ? Touristes ou voyageurs ? N’est-on pas un peu des deux au final ?
Mon conseil : Quelle que soit votre manière de voyager, soyez toujours respectueux envers les gens qui vivent là où vous vous rendez.
Si c’est pour rejeter la cuisine, ignorer les coutumes, craindre la religion et éviter les populations, il vaut mieux rester chez soi. – James Michener, historiene et écrivain américain
Imaginez votre réaction si vous aviez un tel trafic de badauds sous vos propres fenêtres…
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