Ze Inacio (c) Alain Demaret

Zé Inácio, la saveur du Portugal dans l’assiette

Le goût du Portugal dans l’assiette, c’est à Porto Covo en 2019 que je l’ai découvert. Je venais de terminer la Rota Vicentina, un itinéraire pédestre qui traverse l’Algarve et l’Alentejo. J’ai eu la chance de manger Zé Inácio, un restaurant vraiment exceptionnel.

En un coup d’œil

 

Inácio passe toujours en salle (c) Alain DemaretIl y a bien longtemps de cela, José Inácio Francisco a changé de métier. De berger dans les terres, il est venu sur la côte pour ouvrir un restaurant. Zé Inácio venait de voir le jour. C’était il y a une cinquantaine d’années. Depuis, la population locale et les touristes n’ont cessé de faire croître la notoriété de l’établissement familial. Mais il faut de la chance pour s’asseoir dans la salle car “Zé Inácio” est l’enseigne la plus populaire de la région. D’ailleurs, il est préférable de réserver longtemps pour espérer découvrir cette cuisine pleine de charme et des saveurs de la mer.

On fait la file

À mon arrivée, le restaurant est bondé. Pourtant, nous sommes en semaine. Il est déjà tard. De nombreuses personnes font la file dans la rue. Ce sont souvent des familles ou des groupes d’amis. Rien d’étonnant, l’établissement est très populaire. Une dizaine de minutes d’attente, ma météo s’y prête. Il est presque 21 h et le thermomètre affiche encore 21°. Comme indiqué sous le menu, à l’entrée, je me dirige vers le bar pour m’inscrire sur la liste d’attente. Je serai seul à table. La chance est avec moi, je n’ai pas quitté le zinc qu’un couple de jeunes gens se lève et libère une toute petite table. Impossible pour le restaurateur de la réattribuer pour quatre personnes, me voilà donc installé avant tout le monde.

La salle (c) Alain DemaretTrès professionnel, le serveur redresse le couvert avant de m’indiquer que je peux m’asseoir. Il est gentil, prévenant et, comme tous les Portugais rencontrés jusque là, il a le sourire collé aux lèvres. La carte arrive et la commande ne tarde pas. Autour de moi, ce sont visiblement des habitués qui se restaurent en toute convivialité. Inácio, 89 ans, continue à déambuler dans la salle pour saluer ici, s’inquiéter de la bonne santé d’une épouse là-bas et complimenter sur la future naissance d’un nouveau petit fils à la table tout à côté de la mienne. L’ambiance est familiale et décontractée.

J’ai commandé

Ce soir, je choisis un plat que je connais déjà, le porc à l’alentejane (Carne de Porco a Alentejana). Ni trop copieuse, ni trop chiche, l’assiette est dimensionnée aux justes proportions pour une personne qui a faim. Malgré l’affluence, le service est rapide, mais pas trop. Il faut laisser au chef le temps de concocter mon petit plat favori. Au moment de l’addition, pas de mauvaise surprise, je m’en tire en dessous de 15 euros en ayant combiné mon plat avec une demi-bouteille d’eau et un dessert.

Le poisson de la pêche du jour (c) Alain DemaretLa cuisine est traditionnelle. Pas de fioritures, la carte, très ramassée, se concentre sur le poisson et les spécialités du terroir riche et varié de l’Alentejo. La pêche est fraîche du matin. D’ailleurs le convive choisit lui-même le poisson qui sera préparé à son intention. “Si vous commandez un plat de la mer, on vous demandera de vous rendre devant la glacière vitrée où les prises du jour sont exposées“, explique le serveur.

Autour de moi, il y a quelques touristes. Mais ce sont surtout des habitants de la région qui sont présents en majorité. Inácio passe de table en table pour les saluer et prendre des nouvelles des familles.

Les spécialités maison

Du côté de la carte, on retrouve évidemment les poissons de saison, les fruits de mer, les plats de viande avec le “Carne do Porco a Alentejana” dont j’ai déjà parlé, mais aussi des plats locaux comme le Polvo a Lagareira dont je parle ci-dessous.

Le “Polvo a Lagareira” est un repas portugais des plus classiques. Ici, le poulpe est d’abord bouilli avant d’être coupé en morceaux qui seront ensuite grillés puis brossés à l’huile d’olive. L’aspect brillant du plat est des plus réussits, il ouvre même l’appétit. De l’ail, de la coriandre et du jus de citron et du sel complètent la préparation. Le plat est habituellement servi avec des pommes de terre rôties dans leur peau. C’est ainsi que l’assiette est colorée, le repas sent bon et les papilles se délectent de toutes ces saveurs savemment mélangées.

Poisson panné et patates douces (c) Alain DemaretLe lendemain, sur le conseil du patron, j’ai goûté le mixte de poisson pané et fruits de mer accompagnés de patates douces. Cette autre spécialité locale me laisse à penser que les Anglais ont dû passer par là pour inventer leur Fish and Chips. Néanmoins, les saveurs sont nettement plus colorées que celles d’une simple friture. Ici, on travaille le poisson avec simplicité. Au point de conserver ce goût iodé qui fait le plaisir de mon palais.

Le reste de la carte

Les desserts sont “fait maison” et cela se sent. La mousse au chocolat est tout simplement à tomber. Le lendemain j’ai eu l’occasion de goûter une pâtisserie du même genre, mais à la saveur de noisettes. Là non plus, je ne suis pas déçu de mon choix.

La sélection de vins maison pourrait faire pâlir certaines des plus belles caves de notre beau Plat Pays. Il s’agit pour la plupart de crus récoltés sur place avec une place belle pour le vino verde qui doit son nom à une vendange très précoce, lorsque le fruit est encore vert.

Comme d’habitude au Portugal, les prix sont plus qu’abordables. L’expérience

L’histoire

Il y a bien longtemps de cela, un jeune berger de l’intérieur du pays est venu à Porto Covo pour se lancer dans les affaires sur la côte. José Inácio Francisco était pâtre, mais aussi barbier et sans doute homme à tout faire. À son arrivée, il acheta, non pas la maison, mais la pièce principale d’un bâtiment de la Rua Vasco de Gama, dans le centre ville. Il avait du nez, car cette artère est désormais un des axes majeurs de la ville. À l’époque, les femmes de la famille se chargent de la cuisine. C’est ainsi que le restaurant le plus populaire de la région, a vu le jour, il y a plus de 50 ans.

Le “business plan” du petit berger ? Se lancer dans la restauration pour partager les recettes familiales. Un projet qu’il va mener avec la détermination des gens passionnés par leur idée et l’assurance de leur succès. Après avoir travaillé dans un espace composé d’une salle et de quelques tables en terrasses adossées à la cuisine, Inácio a pu acheter la pièce voisine. Il a abattu les murs et le bistrot s’est agrandi. Et il a répété l’opération au fil des rentrées d’argent, allant jusqu’à décupler la superficie de son investissement.

Un nouveau bâtiment

En 2008, les services de prévention et sécurité décident que le bâtiment ne respecte plus les normes d’incendies. Bon gré, mal gré, Inácio a dû faire face. À ce moment là, plutôt que de s’engager dans de lourds travaux de transformation, il simplement décidé de démolir l’ancien logis. En quelques semaines, il érigé un nouveau restaurant. Bien entendu, la reconstruction apporte sont lot d’améliorations. Il s’adosse à un hôtel qui offre quelques jolies chambres plutôt coquettes.

Zé Inácio

Rua Vasco da Gama 3B

7520-437, Porto Covo – Portugal
Téléphone : +351 269 905 977

Page Facebook de l’établissement

Ouvert tous les jours de 12 h à 22 hFermé le mercredi

 

Alain
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