À Liège, j’aime beaucoup le quartier Roture. Un lieu de vie paisible, qui cache néanmoins son lot de mystères. Ici, pas de voiture, mais des rues pavées qui résonnent aux pas des gourmands et des fêtards du 15 août.
| En un coup d’œil |
J’aime le quartier de Roture et son ambiance si particulière. Ici, tout le monde se connaît, se parle et s’entraide. C’est un quartier populaire au sens premier du terme. Très ancien et au cœur tendre, on y subodore néanmoins quelques relents de mystère.
Nichée au cœur même du quartier d’Outremeuse, la rue Roture a conservé son caractère historique tout en s’ouvrant au métissage culturel et culinaire de la Cité ardente. Dans les rues, les effluves de couscous, de pizzas au feu de bois, de cuisine africaine et de charbonnade se mêlent aux traditions folkloriques et aux refrains des fanfares du 15 août.
Le quartier des gourmands
Aujourd’hui, on connaît le quartier de Roture pour les nombreux excellents restaurants qui animent les façades et les terrasses de la rue. Il y en a pour tous les goûts, Yassa sénégalais aux Métisses, pizzas et pâtes à la Rustica, le meilleur Couscous de Liège chez Yaya, viande grillée à la Charbonnade, et bistronomie italienne à la trattoria Il Contadino… Le bon plan, c’est que les tarifs ont su rester abordables. Roture, c’est l’assurance d’une soirée entre amis autour d’un bon repas dans une rue calme et accueillante.
Un nom populaire
Coupons d’emblée la tête à une légende très répandue. Le quartier tirerait son nom du mot roturier. Il désignait les gens du peuple, sans titres ni privilèges, qui habitaient le quartier. C’est une erreur. En fait, en 1649, une carte établie par Johannes Blaeu la désigne comme « rue de Retour », une expression qui dérive du latin « via rupta ». Elle désigne un chemin dans lequel on a effectué des travaux afin d’éliminer un obstacle, ici un petit bras la Meuse, pour la rendre praticable.
Il a aussi hérité de la tradition un peu rebelle des gens d’Outre-Meuse, perçus par ceux qui vivent sur l’autre rive du fleuve, comme les gardiens des traditions et du folklore. Voilà, le premier mystère de Roture a été dévoilé.
Le 15 août, LE jour du folklore liégeois
Autour du 15 août, en Outremeuse, c’est la fête. Le quartier est fermé à la circulation et les rues résonnent des chants liégeois. C’est l’occasion de revenir « en ville » pour ceux qui sont partis habiter loin de leurs racines. On y célèbre l’Assomption de la Vierge Marie, mais, au fil du temps, les festivités ont pris une ampleur populaire. À tel point que ce sont des milliers de visiteurs qui foulent les pavés de la « République Libre d’Outremeuse«
La fête se vit aussi dans les impasses, comme en Roture et sur les places, où des concerts sont organisés. Partout, des bars improvisés servent du pèkèt alors que les géants du folklore liégeois, comme Tchantchès et Nanesse, défilent fièrement.
La cage… aux lions
Parmi les mystères de Roture, celui de la « cage aux lions » m’intrigue. Elle divise et enflamme les conversations. Dans une petite cour, une cage en fer forgé aurait abrité un couple de lions détenus par un dompteur à la retraite. Leurs rugissements hantaient les nuits du voisinage, dit-on.
La réalité est tout autre. La cage aux lionx est la chicane constituée de deux grilles à barreaux métalliques. Elle a été installée à l’entrée du quartier, côté Puits-en-Sock, à la suite d’un tragique accident. Un enfant qui jouait est sorti de Roture en courant. Il a été happé par un tram. Cela s’est passé en 1909 et depuis, ces grilles protègent les promeneurs. Pour oublier ce triste fait divers, le quartier s’est, sans doute, inventé la fable des lions.
Le regard du curieux
À en croire les urbanistes, la rue Roture est restée dans son jus. Si vous cherchez une reconstitution historique crédible de ce que furent les rues de Liège au temps des Princes-Évêque, c’est là qu’il faut aller. Façades à colombages, pavés carrés, petites fenêtres.
La plupart des maisons possèdent une façade étroite et sont construites tout en profondeur, avec un ou deux étages et des combles. On peut encore y voir de nombreuses façades à colombages,
Jumelage prestigieux
Le comité des fêtes du quartier a promu celui-ci au rang « Commune libre de Roture ». Un statut a permis le jumelage avec la « Commune libre de Montmartre » le 14 août 1981 à l’occasion des fêtes du 15 août en Outremeuse.
Et vous, quels sont les quartiers empreints de mystère qui titillent votre curiosité ?
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